mercredi, avril 24, 2024
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Los minutos negros, une exploration noire du Mexique féminicide des seventies

Entre 1968 et 1975, notre pays a connu une période appelée la sale guerre. Des répressions et des massacres d’étudiants à Mexico aux disparitions forcées à Guerrero aux mains des forces militaires et fédérales, le Mexique a vécu des années de terreur sous abus d’autorité, secret pour commettre des crimes, impunité et corruption de ceux qui sont censés être là pour assurer la sécurité de la société. Mais il y avait d’autres territoires nationaux touchés où d’autres types de crimes tout aussi atroces ont été perpétrés, mais peu médiatisés, comme les cas de fémicides et d’infanticides dans le nord du Mexique.

Basé sur le roman Les minutes noires écrit par Martín Solares, le réalisateur Mario Muñoz (réalisateur de sous le sel, 2008) raconte l’histoire d’une chaîne d’homicides contre des femmes et des filles dans la ville fictive de Paracuan par un tueur en série. Le détective Vicente Rangel (un merveilleux travail d’acteur de Leonardo Ortizgris) s’appuie sur un autre partenaire et un apprenti (performances notables d’Enrique Arreola et Krystyan Ferrer) pour trouver l’identité du criminel. Cependant, Rangel et compagnie se heurtent à un ennemi encore plus dangereux : un système judiciaire corrompu qui non seulement ne se soucie pas de ce qui se passe, mais participe également à sa dégradation.

Rangel saura-t-il venir à bout de cet univers sombre, macabre et sale qui réunit trafic de drogue, réseau criminel de la plus basse acabit et autorités ignobles ? C’est une question obligatoire à poser dès que le détective exprime ses convictions de policier intéressé à rechercher la vérité et à rendre justice. Il est l’exception à la règle dans un petit monde où la violence, le sang, le machisme et l’absence de scrupules règnent chez des hommes qui n’ont aucun respect pour les femmes, encore moins pour la loi.

Pour obtenir une réponse, le spectateur trouvera un grand succès du réalisateur Mario Muñoz. Qui? Recours au film noir, film noir. Miser sur le cinéma de genre pour accompagner Vicente Rangel à travers un tissu de vengeance, de peur et de sordidité dans lequel certains tentent de survivre et de bien faire les choses, tandis que d’autres ne lésinent pas pour rendre plus pourri leur déclin déjà déplorable ; le problème est qu’ils le font aux dépens d’innocents qui semblent n’avoir aucune échappatoire. C’est entrer dans un cercle vicieux de tribunal de police qui peut rappeler L’emprisonnement à vie (1979), d’Arturo Ripstein.

Oser faire un film noir en ces temps est osé, mais dans ce cas avec des résultats favorables. Muñoz parvient à garder le spectateur en attente. Il l’amuse avec le ton policier et l’encourage à remuer ses tripes pour les sujets sensibles qu’il aborde. Voici un autre mérite. S’il est vrai que l’histoire se déroule dans les années soixante-dix, nous pouvons sans aucun inconvénient la contextualiser aujourd’hui car elle nous permet de la réinterpréter comme la réalité douloureuse et inquiétante du Mexique par rapport à la violence subie par les femmes. Il n’est pas non plus moins important de le situer dans les années soixante-dix s’il est vu comme une loupe intemporelle qui a depuis averti de l’horreur subie à plus grande échelle en 2023 avec le meurtre de femmes de tout âge.

Juste après 1975, avant une décennie d’exploitation des années quatre-vingt avec des films d’action dont les intrigues étaient axées sur le trafic de drogue, des titres sont apparus qui ont commencé à recréer la violence et les phénomènes criminels dans le pays qui, à ce jour, ont un impact sur notre vie quotidienne, en particulier en ce qui concerne le trafic de drogue en nord du Mexique. Un exemple est Le gang des voitures rouges (1978), de Ruben Galindo. Le nord a été le théâtre d’une infinité de fictions basées sur la réalité pour en retracer le site national où elles se sont déroulées meurtres, émeutes, trafic d’êtres humains et trafic de drogue. Mais on a ignoré, ou on a choisi d’ignorer ?, que des féminicides et des infanticides ont également été enregistrés, des crimes qui continuent d’être perpétrés sans aucun frein.

On peut dire que les minutes noires arrivé en retard mais à temps pour ouvrir nos yeux des seventies et discerner de façon alarmante que En 50 ans, le panorama tragique des violences faites aux femmes reste intact, ou ce qui est pire, il s’aggrave. Il arrive tard mais à temps avec le clair-obscur et le drame du film noir mexicain dont la métaphore est la vie même dans un pays où l’on a voulu gommer le concept de justice du dictionnaire, de la conscience et de la mémoire de ses habitants.

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