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L’allée des âmes perdues, la transition de Guillermo del Toro dans les ténèbres

Images de projecteur

Ce 27 janvier arrive dans les salles le nouveau film de Guillermo del Toro. Il a fait bonne impression, pourquoi ? Nous vous disons.

Elie Léonard Salazar

L'allée des âmes perdues, une nouvelle exploration émotionnelle de Guillermo del Toro (Photo: IMDB)L’allée des âmes perdues, une nouvelle exploration émotionnelle de Guillermo del Toro (Photo: IMDB)Elie Léonard Salazar

Avec son dernier ouvrage, la forme de l’eau (2017), Guillermo del Toro dirigeait ses émotions vers l’amour. Ce chemin a fait quitter la salle à de nombreuses personnes satisfaites d’avoir vu que l’impossible était possible, c’est-à-dire aimer au-delà de l’ordre établi. Beaucoup d’autres sont repartis le cœur détendu après le traumatisme que la fin dramatique de Le labyrinthe de Pan (2006) et qui les a fait pleurer. Ils l’ont apprécié comme une rédemption du cinéaste. Mais qui a été laissé de côté, le réalisateur a pris un autre chemin.

Aujourd’hui, il nous est présenté comme un cinéaste avec intérêt et sensibilité pour plonger dans l’obscurité du monstre le plus redoutable de la face de la Terre, l’être humain. Avec l’allée des âmes perdues (Allée des cauchemars) s’aventure dans un carrousel émotionnel qui plonge dans les flancs les plus décadents que nous puissions avoir en tant qu’espèce, à la fois de faire du mal aux autres et de se faire du mal.

Stanton Carlisle (Bradley Cooper) est un escroc charismatique qui garde ses scrupules dans un tiroir pour naviguer dans la vie en tant que mentaliste sans remords, cynique et libertin. Il profite au détriment de tromper les autres, mais il n’est pas entièrement responsable de cela; ceux qui s’intéressent à leur émission et à leurs services ont envie de mentir parce qu’ils préfèrent l’option de l’auto-tromperie que le difficile défi d’assimiler leur réalité.

Cependant, la vie lui donne une chance d’être différent et d’explorer une facette de sa nature qui ne semble pas exister en lui. Cette opportunité se présente à lui avec Molly Cahill (Rooney Mara), un bel être de lumière dont le spectacle à la foire où ils se rencontrent est une métaphore de qui elle est en tant que personne. Pourtant Stanton est tellement égocentrique, ou incapable ?, d’apprécier la plénitude devant lui.

En revanche, fidèle à sa condition et à sa zone de confort, il se rapporte au Dr Lilith Ritter ( Cate Blanchett ) à un niveau «professionnel». Ce lien voyage avec la perversité, l’érotisme, la tension et la douleur. C’est aussi une coexistence du mensonge dans le mensonge. Par cette complicité, un élément narratif qui apparaît tout au long du parcours de Stanton, l’alcool, gagne en puissance ; la compulsion est un monstre latent que Del Toro a concocté pour le personnage incarné par Cooper, un acteur qui prend le risque de se plonger dans la maladie de l’alcoolisme de son passé pour donner la vérité au mec qu’il représente dans la fiction. Attention au duo que forment Cooper et Blanchett, ils brillent !

Pour cette catharsis cinématographique, Guillermo del Toro s’est appuyé sur deux ressources extraordinaires qui conviennent à merveille à son récit : le film noir et la photographie de Dan Laustsen. Recréer les atmosphères des films qui ont caractérisé le film noir entre les années 1930 et 1950 confère à son histoire une nostalgie cinéphile, comme c’est le cas du clin d’œil à le doux (1951), de Fernando Méndez. En même temps c’est une sorte de piège pour nous montrer que le passé nous est parvenu, ceci parce que l’allée des âmes perdues cela semble trop actuel, très proche du présent dont nous souffrons en tant que société.

Pour sa part, la caméra de Laustsen est un véhicule qui nous transporte à travers divers lieux et espaces des émotions vécues par les personnages. On le voit à la couleur rouge qui distingue divers objets dans le destin que choisit Stanton aux visages d’espoir chez Molly, de malheur chez Pete (David Strathairn), de cruauté chez Clem (Willem Dafoe), de misère humaine chez Ezra ( Richard Jenkins) et la fierté de Lilith (Cate Blanchett).

l’allée des âmes perdues C’est un film rond au sens strict du terme. Le fil conducteur qu’est Stanton nous montre de bout en bout un purgatoire, le sien. Il le fait même en nous montrant ses péchés dans la maison hantée quand il regarde entre les miroirs. Autour de lui, ou à côté de lui, d’autres êtres tout aussi ou plus monstrueux errent, trouvant refuge dans leurs enfers respectifs. À l’exception de Molly, le spectateur l’embrasse et veut la faire sortir de l’écran pour la sauver de ce monde sombre. Molly n’est peut-être pas le salut de Stanton, mais elle peut nous sauver en nous rappelant que nous pouvons sortir de l’allée (qui est la salle de cinéma) sans notre âme (si) perdue.

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