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Hydrogène naturel : un enjeu écologique, mais des freins politiques

Les pays européens ont multiplié, ces derniers mois, les plans hydrogène (vert) pour décarbonner leur industrie et la mobilité lourde, dans le cadre de la transition énergétique. Mais ces ambitieux programmes ressemblent à des « Green New Deals » européens, d’autant que ce gaz existe à l’état naturel, une forme totalement vertueuse.

Les grandes puissances, principalement européennes, sont engagées dans une transition énergétique depuis quelques années. Pour la réussir, elles misent énormément sur les ressources renouvelables, dont l’éolien et le solaire. Mais elles comptent de plus en plus sur l’hydrogène, considéré comme l’énergie d’avenir de la planète. En septembre, la France a présenté un plan hydrogène de 7 milliards d’euros afin de développer une filière rentable et démocratiser ses usages, notamment dans l’industrie et la mobilité lourde.

Les plans hydrogène insuffisants ?

Cet hydrogène vert est bon pour la planète (contrairement au gris, bleu, turquoise, etc.), à condition de le produire à partir d’une électricité d’origine renouvelable, solaire photovoltaïque ou éolienne par exemple. Mais, il reste aujourd’hui plus de quatre fois plus cher que l’hydrogène produit à partir de ressources fossiles. Ce, à cause des coûts de production extrêmement élevés pour les industriels. Ainsi, 95% de l’hydrogène provient encore de ces sources fossiles : par reformage de gaz naturel ou par gazéification de charbon de bois. Des procédés émetteurs de CO2.

Les plans hydrogène visent alors à développer la production pour démocratiser l’usage. Des efforts à saluer, mais qui n’occultent pas la gymnastique des politiques. Pourquoi se compliquer la tâche quand on peut faire simple ? Depuis quelques années, des scientifiques, dont les Français Alain Prinzhofer et Éric Derville, ont démontré l’existence de l’hydrogène naturel. Jusqu’au début des années 2010, la communauté scientifique pensait encore que ce gaz ne se trouvait que dans les profondeurs inaccessibles des océans.

L’expérience réussie de Bourakébougou

Mais aujourd’hui, l’on sait avec certitude, qu’il y a de nombreux réservoirs sous nos pieds, notamment au Mali. Ce pays est devenu est la patrie de l’hydrogène naturel. Une ressource totalement vertueuse pour la planète car sans émission de CO2, abondant, renouvelable et à moins coûteux. L’entrepreneur Aliou Diallo a mis toutes ces qualités en exergue dans le village de Bourakébougou, près de Bamako, la capitale du Mali. Sa société produit de l’électricité verte qu’elle distribue gratuitement aux habitants. « Au départ on nous disait que l’hydrogène naturel ne servait à rien, mais nous avons prouvé le contraire. Nous avons réussi à produire de l’électricité avec une unité pilote qu’on a installée en 2012. Sept ans durant, nous avons produit une électricité décarbonée et sans émission de C02 pour le distribuer au village de Bourakébougou : les places publiques, la maison du chef, les salles de prière, etc. », a récemment confié Aliou Diallo dans une interview sur la chaîne Africable Télévision.

« J’étais en Allemagne et on a eu des réunions avec de hauts responsables des ministères »

Hydroma a surtout effectué de nombreux forages et des recherches qui enrichissent les connaissances sur l’hydrogène naturel. « Nous avons découvert comment l’hydrogène se forme sous terre, comment il fait sa migration et se stocke dans des réservoirs sous terre, et qu’est ce qui empêche in fine la migration de l’hydrogène en surface. Nous avons compris ce que personne ne sait aujourd’hui sur l’hydrogène naturel », détaille l’homme d’affaires malien. Les travaux d’Hydroma ont même attiré l’attention du milieu scientifique en Allemagne, pays qui ambitionne de devenir numéro Un de l’hydrogène naturel avec un plan de 9 milliards d’euros.

Aliou Diallo a logiquement été reçu par les autorités fédérales pour parler de sa révolution énergétique. « J’étais en Allemagne et on a eu des réunions avec de hauts responsables des ministères. Celui qui chapeaute même le programme de l’hydrogène naturel en Allemagne a dit : « Bravo Mr Aliou Diallo parce que grâce à vos travaux nous avons pu inscrire l’hydrogène blanc (l’hydrogène naturel) dans notre programme national de l’hydrogène ».

Hydroma au Canada et en Australie

Compte tenu de l’intérêt de l’Allemagne, l’entrepreneur malien prévoit la construction prochaine d’un pipeline 4700 kilomètres, du Mali jusqu’aux portes de l’Europe, pour le transport de son hydrogène naturel. Il a également récemment visité une société bavaroise, spécialisée dans le transport de l’hydrogène avec des iso-conteneurs. Bientôt, le milliardaire malien compte approvisionner le continent européen avec des prix très compétitifs. La France, qui s’aligne déjà sur les ambitions de l’Allemagne, gagnerait également à s’intéresser à la révolution énergétique d’Hydroma. En attendant, cette société commence d’autres forages au Canada et en Australie.