mercredi, avril 24, 2024
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Benedetta, un acte rebelle de Paul Verhoeven contre l’intolérance

Tulipe Films

Ce film arrive en salles ce 20 janvier, ce qui a provoqué un malaise dans les noyaux conservateurs et fasciné les cinéphiles anticléricaux.

Elie Léonard Salazar

Benedetta, une revendication explicite de Paul Verhoeven à l'Église.  (Photo : courtoisie Calouma)Benedetta, une revendication explicite de Paul Verhoeven à l’Église. (Photo : courtoisie Calouma)Elie Léonard Salazar

Il est remarquable qu’à 83 ans Paul Verhoeven restez lucide et puissant avec ce métier et cette irrévérence qui vous caractérisent. Peut-être parce qu’à cet âge il ne perd plus rien, en plus de s’amuser à le faire, il repart avec cette critique provocatrice, sinon une revendication explicite, du catholicisme. Il se lance pratiquement contre l’hypocrisie, le pouvoir et les doubles standards de l’Église.

Basé sur le personnage réel de Benedetta Carlini, une religieuse du XVIIe siècle qui prétendait avoir des visions mystiques et qui a développé sa sexualité avec d’autres religieuses de son ordre, Verhoeven ajoute des éléments stimulants avec l’intention de montrer que le méchant dans l’histoire est l’Église, ou la religion elle-même. Benedetta (Virginie Efira) représente cette voix qui cherche moins d’oppression par la pratique et non par les mots, tout comme l’institution avec laquelle elle coïncide dans la croyance.

Verhoeven ne se contente pas d’affronter. Cela le rend également célèbre en raison de sa position rebelle. On y voit des masturbations avec des personnages religieux, ainsi qu’un Jésus-Christ l’épée à la main et faible devant les plaisirs de la chair. Ces images peuvent mettre les croyants mal à l’aise ou être applaudies par ceux qui sont d’accord avec la vision du réalisateur, qui peut être qualifié de « blasphématoire », « sacrilège » et « irrespectueux » par le public conservateur, cependant, il exprime dans ces cartes postales une protestation contre l’intolérance cléricale envers la figure féminine illustrée par la cruauté d’une phrase. Qui? Quand Benedetta apprend que son corps est la pire chose qui puisse lui arriver.

Sous ce slogan, la chair n’est-elle pas le conduit le plus efficace pour pécher et donc avoir le motif de culpabilité qui justifie la recherche du salut dictée par les représentants de Dieu sur Terre ? Si pour être sauvée il faut pécher, Benedetta s’octroie le droit de découvrir et de vivre sa sexualité en phase avec ses préoccupations spirituelles et philosophiques.

En revanche, le personnage du nonce Alfonso (Lambert Wilson) peut nous sembler proche sur le plan spatial et temporel en raison de sa ressemblance avec les représentants ecclésiastiques contemporains qui ont tenu à rendre visible leur autorité machiste, misogyne et instigatrice afin de imposent leur philosophie du « si tu n’es pas avec Dieu, tu es contre Dieu », principalement envers les femmes. Son traitement avec Benedetta pourrait bien se heurter à l’insistance des évêques, cardinaux et archevêques d’aujourd’hui qui persistent à condamner et à stigmatiser les femmes « sales » qui portent des jupes, défendent leur préférence sexuelle, refusent de mener un mariage sacré ou prennent des décisions concernant leur propre corps.

Il y a une séquence à la fin qui s’inscrit dans la crise actuelle du catholicisme en Amérique latine. Parce que? Parce qu’il nous pose une question à laquelle il donne une réponse : Qui a pouvoir sur qui ? L’Église sur la congrégation et le peuple? Le peuple et les paroissiens plutôt que les représentants de l’Église ? Ramenés au plan de la réalité actuelle, les gens se vengent en s’éloignant de cette religion dont l’institution résiste au changement et préfère continuer avec des normes qui condamnent tout et n’autorisent pas les femmes.

Une mention spéciale mérite Charlotte Rampling, une actrice qui, à 75 ans, continue de choisir des rôles qui remettent en question la morale, réprimandent l’autorité et montrent que les septuagénaires ne sont pas de douces vieilles dames faisant de l’artisanat. Sa présence, indispensable à une action de force dans l’histoire de Benedetta, est un autre ingrédient, ou message ?, de Verhoeven pour étayer son reproche rebelle contre l’intolérance cléricale.

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